Deux fois l’an, à l’automne et au printemps, l’AQÉI organise une journée d’échanges scientifiques. Soucieuse de préserver l’expérience et la tradition tout en offrant une tribune à la relève, l’AQÉI offre ainsi la possibilité aux chercheurs de présenter leurs projets de recherche et les résultats de leurs travaux, dans un cadre dynamique et convivial.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2024
Ersy Contogouris et Mélodie Simard-Houde organisent la 65e journée d’échange scientifique de l’AQÉI. Intitulé « Images de lectrices et matérialité de la lecture de l’imprimé, du 19e siècle à aujourd’hui », l’événement a eu lieu le 8 novembre 2024 de 10 h 00 à 16 h 00, au Musée POP de Trois-Rivières, situé au 200 rue Laviolette, suite 1.
JOURNÉES DU PRINTEMPS 2024
Marie-Hélène Jeannotte, Marie-Pier Luneau et Louis-Karl Picard-Sioui organisent le colloque « Livres et imprimés autochtones au Québec ». Organisé par le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ) et Kwahiatonhk!, en collaboration avec l’AQÉI et l’Observatoire de la traduction autochtone, l’événement a eu lieu les 22, 23 et 24 mai 2024 au campus principal de l’Université de Sherbrooke, à l’Agora du Carrefour de l’information (B1-2002) au Pavillon Georges-Cabana.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2023
Ersy Contogouris, Sophie Dubois et Isabelle Robitaille organisent la 64e journée d’échange scientifique de l’AQÉI. Intitulé « L’arbre est dans ces feuilles : l’imprimé et la botanique », l’événement a eu lieu le 3 novembre 2023 à BAnQ (site Rosemont) et en ligne sur Teams.
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2023
Philippe Rioux et Sylvain Lemay organisent la 63e journée d’échange scientifique de l’AQÉI. Intitulé « La dessinée francophone au Canada », l’événement a eu lieu le 23 avril 2023 en ligne sur Teams.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2022
Karol’Ann Boivin et Julien Lefort-Favreau organisent la 62e journée d’échange scientifique de l’AQÉI. Intitulé « L’imprimé à l’université : l’université à l’imprimé. Archives, histoire, historiographie et représentations de l’université au Canada», l’événement a eu lieu le 14 octobre 2022 au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke et en ligne sur Teams.
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2022
Bernard Andrès, Nicholas Dion et Pierre Hébert ont organisé les 61e journées d’échanges scientifiques de l’AQÉI. Intitulé « Voltaire et les Lumières au Québec : histoire ancienne ou nécessité présente ? Perspectives historiques et lectures actuelles », l’événement a eu lieu les 7 et 8 avril 2022 au Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine à Sherbrooke et en ligne sur Teams.
JOURNÉE DE L’HIVER 2022
Stéphanie Bernier, Vanessa Blais-Tremblay, Caroline Loranger et Adrien Rannaud ont organisé les 60e journées d’échanges scientifiques de l’AQÉI. Intitulé « Les années 1920 au Québec : reconfigurations de l’espace culturel et nouvelles modélisations littéraires, artistiques et médiatiques », l’événement a eu lieu les 10 et 11 mars 2022 à l’Université de Montréal et en ligne sur la plateforme Zoom.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2021
René Audet, Sophie Marcotte et Mélodie Simard-Houde ont organisé la 59e journée d’échanges scientifiques, qui a eu lieu le 5 novembre de 9h30 à 15h30 à l’Université Laval et qui s’intitulait « D’explorations éditoriales en balbutiements numériques : la poétique du support pour cadrer une préhistoire des pratiques littéraires numériques au Québec ».
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2021
Initialement prévue au printemps 2020, mais reportée en raison de la pandémie de la COVID-19, la 58e journée d’étude, consacrée au libraire Henri Tranquille, a donc lieu le 30 avril 2021 prochain sur la plateforme Microsoft Teams le 30 avril 2021 de 9h15 à 11h45.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2020
Organisée par Philippe Rioux et Anthony Glinoer, la 57e journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI portait sur l’édition de fortune et de nécessité. L’événement a eu lieu en ligne, sur la plateforme Microsoft Teams, le 27 novembre 2020 de 9h30 à 15h.
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2020
Organisée par Anthony Glinoer et Stéphanie Bernier, la 56e journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI devait porter sur la figure du libraire Henri Tranquille. En raison de la pandémie de COVID-19, la journée a dû être reportée au printemps 2021.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2019
Organisée par Adrien Rannaud, la 55e journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI portait sur l’histoire du magazine au Québec. Pour consulter les détails de cette journée, cliquez ici.
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2019
Journée spéciale « Doc-Postdoc »
Organisée par Mylène Bédard, la 54e journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI était consacrée à la recherche émergente. L’AQÉI a donné la parole à quatre doctorantes en histoire, en études littéraires, en archivistique et en bibliothéconomie, afin qu’elles présentent leurs travaux à leurs pairs et au public.
ENCOURAGER LES TALENTS LITTÉRAIRES CANADIENS. LA REVUE CANADIENNE 1864-1874
Caroline Cudia (Université du Québec à Montréal)
MONTÉE ET DÉCLIN DE L’ART TYPOGRAPHIQUE ITALIEN AU XVIE SIÈCLE. CIRCULATION, DIFFUSION ET FRANCISATION DES CARACTÈRES D’IMPRIMERIE DANS LA PÉNINSULE ITALIENNE
Stéphanie Favreau (Université du Québec à Montréal)
LA DÉCOUVRABILITÉ DU LIVRE QUÉBÉCOIS EN LIGNE
Joanie Grenier (Université de Sherbrooke)
LES MONDES DE L’ILLUSTRATION : L’ÉDITION LITTÉRAIRE ET L’ÉVOLUTION DU MÉTIER D’ILLUSTRATEUR AU QUÉBEC, PORTRAIT D’UNE PRATIQUE
Sophie Drouin (Université de Sherbrooke)
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2018
Organisée par Pierre Hébert, Gilles Lapointe et Jérôme Delgado, cette journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI fut l’occasion de découvrir l’évolution de l’histoire de l’art au Québec par le biais de la trajectoire du professeur et critique François-Marc Gagnon.
FMG : TROIS INITIALES, TROIS IDENTITÉS
Jérôme Delgado (Le Devoir)
L’ÉCOUTE SENSIBLE : FRANÇOIS-MARC GAGNON ET LES VOIX DU 17e SIÈCLE
Dominic Hardy (UQAM)
Communication lue par Pierre Hébert
D’UN MANIFESTE JÉSUITE À LA CONVERSION DES FIDÈLES : LA PENSÉE RAPAILLÉE DE FRANÇOIS-MARC GAGNON
Laurier Lacroix (UQAM)
LE CATALOGUE RAISONNÉ BORDUAS – ÉVOLUTION DU PROJET À L’HEURE DES HUMANITÉS NUMÉRIQUES
René Saint-Pierre (UQAM)
ART QUÉBÉCOIS ET HISTORIOGRAPHIE : LE BORDUAS DE FRANÇOIS-MARC GAGNON
Gilles Lapointe (UQAM)
REGARD DE L’ÉCLAIREUR DE PISTES SUR LES ESPACES DE RENCONTRE: REPRÉSENTER L’ALTÉRITÉ
Louise Vigneault (Université de Montréal)
FRANÇOIS-MARC GAGNON ET L’HISTOIRE DES IDÉES AU QUÉBEC
Yvan Lamonde (Université McGill)
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2018
«L’éphémère et la presse estivale dans les années 1930»
Cette journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI fut l’occasion de découvrir la vie culturelle estivale du Québec des années 1930 par le biais de la presse. Voici la présentation des participants ainsi que le résumé de leur communication.
INTRODUCTION AU PROJET PRESSE ESTIVALE DES ANNÉES 1930
Jérémi Perrault est candidat au doctorat au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Membre du CRILCQ, ses recherches portent principalement sur les questions de genre littéraire dans la littérature québécoise des années 1960. Depuis 2014, il participe au projet de recherche « La presse montréalaise de l’entre-deux-guerres, lieu de transformation de la vie culturelle et de l’espace public » dirigé par Micheline Cambron.
Résumé
La présentation s’attache à présenter les visées et objectifs de notre projet sur la vie culturelle estivale des années 1930 à Montréal. Nous présenterons certaines notions théoriques sur lesquelles notre travail s’appuie. Le journal est pour nous un objet culturel permettant une médiation entre les lecteurs et le monde, mais également entre les lecteurs eux-mêmes. C’est donc un objet à forte socialité qui construit une temporalité vécue collectivement et qui met en scène des lectorats potentiels. À travers lui, nous étudions l’expérience que fait le lecteur de cette vie culturelle mise en récit par les journaux de notre corpus. Nous aborderons ainsi des questions d’histoire culturelle et évoquerons certains travaux sur la presse, principalement ceux portant sur la presse du XIXe siècle en France et au Québec.
BOUGER : SORTIR DE CHEZ SOI, UNE INVITATION FAITE À TOUS
Ève Léger-Bélanger poursuit ses études doctorales à l’Université de Montréal (financement FRQSC) sous la direction de Micheline Cambron (Université de Montréal) et sous la codirection de Hans-Jürgen Lüsebrink (Université de la Sarre, Allemagne). Ses recherches actuelles portent sur les représentations et les médiations de l’Allemagne dans la presse montréalaise et la littérature québécoise de l’entre-deux-guerres. Elle est membre du CRILCQ et est chargée de cours dans la même université.
Marilou St-Pierre poursuit ses études doctorales à l’Université Concordia, sous la direction de Sandra Gabriele. Ses recherches portent sur les journalistes sportives et plus largement sur le champ du journalisme sportif. Elle s’intéresse également, par le biais de ses recherches, à la représentation des enjeux féministes dans les médias et à l’histoire de la radio commerciale au Québec.
Résumé
Nous nous proposons dans cette présentation d’explorer dans les journaux montréalais des années 1930 les différentes facettes du mouvement et du déplacement. Le mouvement des corps qui quittent la ville et sa chaleur pour quelques semaines, quelques jours, quelques heures ou qui, faute de moyens ou de temps, se déplacent à travers la ville pour pratiquer des activités physiques ou se regrouper et socialiser dans les parcs de la métropole.
De quelles manières le mouvement se conjugue-t-il lorsque l’été bat son plein? Quelle rhétorique est véhiculée par les journaux quotidiens pour faire sortir les Montréalais.es de leur domicile? Pour répondre à ces questions, nous avons développé un cadre d’analyse reposant sur la distance et le temps de déplacements. Suivant ce filon, nous avons divisé les voyages en quatre sections, chacune s’accrochant à une dimension temporelle différente : 1- Le voyage à l’étranger, 2- le voyage dans la province en général, 3- le voyage dans les environs de Montréal et enfin 4- les déplacements dans Montréal même.
DIVERTIR :
L’ÉTÉ, TEMPS DE RELÂCHE INSTITUTIONNELLE, MAIS PAS CULTURELLE
Sandria P. Bouliane est chargée de cours au département de musique de l’UQAM et à l’école de musique de l’Université d’Ottawa. Musicologue, elle se spécialise en histoire et en analyse des musiques populaires du XXe siècle. Ses activités de recherche portent principalement sur la vie musicale québécoise, sur l’édition de partitions, sur les imprimés musicaux et sur les relations interculturelles entre le Canada et les États-Unis. Elle collabore à diverses équipes de recherches interdisciplinaires, notamment celle du projet sur la Presse montréalaise de l’entre-deux-guerres dirigée par Micheline Cambron au CRILCQ. Elle est membre du CA de l’AQÉI et de la Société de recherche québécoise en musique (SQRM), et siège au conseil scientifique de l’Institut du patrimoine de l’UQAM. Vous pouvez consulter quelques-unes de ses publications sur la table préparée à cet effet.
Résumé
Qu’il soit quotidien, hebdomadaire ou mensuel, le journal divertit. À partir du corpus estival montréalais des années 1930, le journal est ici considéré comme un dispositif de divertissement qui se décline en trois types d’expériences non exclusives. Premièrement, parce que sa lecture nécessite un temps libre qui lui soit consacré, la lecture du journal détourne l’homme, la femme ou l’enfant de son occupation principale (métier, profession, tâches ménagères, bancs d’école ou prière). Deuxièmement, le journal est un objet qui invite le lecteur à interagir avec lui, non seulement par la lecture, mais aussi par l’écriture, la découpe et le rire (jeux, caricatures, concours, courrier du lecteur). Troisièmement, le journal est le médiateur d’autres formes de divertissement, extérieures à ses pages, mais bien ancrées dans le territoire urbain qu’il représente (cinéma, danse, musique, sport, spectacles). Ces trois mises en pratique seront mises en scène dans la représentation fictive de la vie d’un journal, du pavé de la porte jusqu’à son abandon.
INSTRUIRE: PAS DE REPOS POUR LES FEMMES:
LE JOURNAL UNE ÉCOLE PRATIQUE
Xavier Boileau est étudiant au doctorat en philosophie à l’Université de Montréal sous la direction de Marc-Antoine Dilhac depuis l’automne 2017. Il a précédemment fait un baccalauréat en Histoire à l’Université du Québec à Montréal (2011-2014) et une maîtrise en philosophie à l’Université de Montréal (2014-2017). Xavier est aussi auxiliaire de recherche pour le projet « La presse montréalaise de l’entre-deux-guerres, lieu de transformation de la vie culturelle et de l’espace public » sous la supervision de Micheline Cambron depuis l’été 2014.
Résumé
La question de l’instruction au sein du journal durant la période estivale nous pousse à nous poser deux questions. Tout d’abord, aborder la question de l’instruction dans le journal comme une facette distincte du reste du journal peut sembler curieux. Après tout, le journal ne se définit-il pas par essence comme un outil d’informations et d’éducations du peuple? Autrement dit, lire le journal n’est-ce pas en soi chercher à s’instruire? Dans un deuxième temps, en quoi cette mission éducative globale se distingue-t-elle pendant la période estivale? C’est à ces deux questions que nous tenterons de répondre au cours de notre intervention.
SE RAFRAÎCHIR : ICI, MAINTENANT, IL FAIT CHAUD !
Marie-Christine Corbeil est étudiante à la maîtrise en Littératures de langue française à l’Université de Montréal. Ses recherches portent présentement sur les livres de recettes du début des années 1960. Elle s’intéresse plus particulièrement à l’esthétique narrative qu’on y trouve et à la façon dont ces textes interrogent la fonction d’auteure. Elle participe aux travaux de l’équipe de recherche du projet La presse montréalaise de l’entre-deux-guerres, lieu de transformation de la vie culturelle et de l’espace public et à ceux de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques.
Résumé
Que le mercure soit trop ou pas assez élevé, la chaleur est sujet d’une préoccupation constante dans les journaux montréalais l’été. Si un été frais est surtout déplaisant, la canicule entraîne quant à elle des effets physiologiques qui posent de sérieux risques sanitaires. Cette menace à la santé publique impose un impératif, se rafraîchir, qui se répercutent dans les différentes sphères de la vie estivale. De quelles façons ces soucis que cause l’étouffante température montréalaise et les moyens d’y remédier sont-ils exprimés dans les journaux est la question qu’explore cette présentation.
ÉPHÉMÈRES POUR L’ÉTERNITÉ : UN PATRIMOINE REPENSE A BANQ
Danielle Léger et Isabelle Robitaille sont toutes deux bibliothécaires responsables de collections à BAnQ où elles assurent le développement, la gestion et la mise en valeur de leurs collections respectives.
Danielle est responsable des collections patrimoniales de programmes de spectacles et d’affiches. Elle s’intéresse plus particulièrement à l’histoire de l’affiche, de la publicité, du tourisme et des spectacles au Québec.
Isabelle est responsable des imprimés anciens. Ses intérêts de recherche touchent principalement les études de provenance, le rôle social du document au xixe siècle parmi les communautés de bibliophiles ainsi que la matérialité de l’imprimé ancien.
Résumé
Les collections d’imprimés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec recèlent plusieurs types d’imprimés éphémères. Certaines familles d’imprimés y ont gagné leurs lettres de noblesse bien avant 1968; une reconnaissance patrimoniale se met graduellement en place pour d’autres. Toutefois, plusieurs imprimés éphémères demeurent imparfaitement intégrés dans les champs de collection institutionnels ou n’y trouvent simplement pas écho. À cet égard, Danielle Léger et Isabelle Robitaille souhaitent partager avec les membres de l’AQÉI une réflexion amorcée depuis quelques années.
Après un survol d’imprimés éphémères issus des « collections officielles » et témoignant des étés de la décennie 1930, une analyse des champs de collections actuels à BAnQ tracera la silhouette d’un champ de collection potentiel qui couvrirait les imprimés oubliés que sont les cartes publicitaires, les calendriers, les ex-libris, les formulaires, etc.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2017
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2017
Retour sur la 50e journée d’échanges : l’AQÉI, fidèle à sa tradition
C’est Jacques Michon, cofondateur de l’AQÉI, qui a donné le coup d’envoi de la 50e journée d’échanges scientifiques, le 21 avril dernier. Pour l’occasion, il avait préparé un texte livré par la présidente actuelle de l’AQÉI, Chantal Savoie. Trente ans presque jour pour jour après la fondation de l’association, les célébrations ont permis de constater le chemin parcouru, la vitalité et la pertinence toujours aussi grande de son mandat :
« Aussi longtemps que l’AQÉI, dans ses travaux et délibérations, sera animée par cette double collaboration des milieux professionnels et des équipes de recherche en sciences humaines et qu’elle maintiendra ces échanges entre pratiques des savoirs et savoirs des pratiques, elle continuera sans doute à dégager ce dynamisme qui la caractérise depuis sa fondation le 25 avril 1987. »
Le dynamisme et la diversité étaient assurément au rendez-vous lors de cette journée spéciale « Séraphin(s) – l’influence d’un livre ». Chercheurs en études littéraires, spécialiste de la télévision québécoise, historiens de la bande dessinée et du cinéma et bibliothécaire se sont réunis le 21 avril à BAnQ Rosemont-La Petite Patrie pour réfléchir aux multiples incarnations de cet imprimé devenu un classique de la littérature québécoise. Du roman aux plus récentes adaptations télévisuelles, l’oeuvre de Claude-Henri Grignon constitue l’un des plus spectaculaires exemples de transmédialité au sein de la culture québécoise, chaque adaptation livrant une nouvelle mise en forme du passé québécois.
« “Pis frotte, pis tord, pis refrotte, pis rince…” Réflexions sur une scène de ménage dans Un homme et son péché »
Pour dresser la table (sans mauvais jeu de mots), Pierre Hébert (UdeS) a présenté une analyse de l’espace de la cuisine dans trois romans québécois : Un homme et son péché, Trente arpents et le Survenant. Dans les incipits de ces romans, la cuisine se constitue en un espace-temps singulier par lequel s’exprime le désir des personnages. Cette série de « scènes de cuisine » inaugure une riche trame culturelle romanesque.
« Séraphin illustré : De l’écran à la case »
Michel Viau (UQO) a dirigé l’édition en volume de la bande dessinée Séraphin (Séraphin illustré, Les 400 coups, 2010) originellement parue dans Le Bulletin des agriculteurs entre 1950 et 1960. Dans sa présentation, il a rappelé la genèse de la collaboration entre Claude-Henri Grignon et Albert Chartier, l’un des pionniers de la bande dessinée au Québec. Il a ensuite montré que l’univers bédéistique de Séraphin se démarque de l’oeuvre originale par son ton humoristique. L’oeuvre s’inscrit par ailleurs en continuité avec la production télévisuelle, les intrigues se complétant d’un support à un autre.
« Paysanneries ou Le théâtre en série »
Autre dérivé de la série radiophonique, quatre « Paysanneries » ont été présentées à travers le Québec entre 1942 et 1947. Lucie Robert (UQAM) a présenté ce corpus méconnu et a décrit la réception critique des différentes productions initiées par Guy Mauffette, directeur artistique du projet. La promotion de ce « théâtre en série », qui emploie les mêmes acteurs que le feuilleton radiophonique, donne lieu à différentes stratégies publicitaires. L’évolution des pièces, quant à elle, témoigne de l’apprentissage du métier de dramaturge par Grignon.
« Séraphin, contre-révolutionnaire : présence de l’avare dans les périodiques réformistes et révolutionnaires au Québec, 1950-1980 »
Jonathan Livernois (U. Laval) a étudié la persistance du mythe de Séraphin pendant la période de la Révolution tranquille, plus précisément au sein de trois revues : Cité libre, Liberté et Parti Pris. L’évocation du mythe de Séraphin témoigne dans ce contexte de la fascination pour le personnage et de sa grande plasticité. Tour à tour repoussoir et vecteur d’une certaine « modernité économique » sous la plume de différents commentateurs et penseurs, Séraphin permet de lire le présent (politique, social, économique), et ce, peu importe les époques.
« Le webdocumentaire des Pays d’en Haut : à la recherche du patrimoine de BAnQ »
Philippe Legault (BAnQ) a présenté le travail de collaboration entre BAnQ et Radio-Canada dans le cadre de la production du docuweb Les Pays d’en Haut. BAnQ a mis ses fonds d’archives et ses collections à contribution pour mettre en lumière le contenu historique derrière chaque épisode de la série diffusée à Radio-Canada depuis 2016.
« Des Belles histoires aux Pays d’en haut : transformation des mondes de l’art télévisuel et légitimité culturelle »
Pierre Barrette (UQAM) a présenté les contextes de production des deux séries télévisées tirées de l’univers d’Un homme et son péché. Pour comprendre comment le style esthétique est avant tout un style de production, il a montré les différentes transformations des modèles culturels de la série, d’abord inspirés du théâtre et du western « de qualité » puis cherchant, dans les années 2000, à produire une série historique de qualité.
« Séraphin sur grand écran »
Pour clore cette journée, Yves Lever (chercheur indépendant) a présenté l’univers filmique des Séraphins des années 1950 aux années 2000. L’adaptation par Charles Binamé se distingue du roman et du premier film en présentant Séraphin c un personnage libidineux à la sexualité tordue à l’intérieur d’un drame romantique exacerbé, appuyé par la trame sonore originale du film. Ces licences de l’adaptation n’empêchèrent pas la fille de Grignon de voir en l’oeuvre de Binamé le film que son père aurait voulu faire.
***
L’AQÉI a tenu son assemblée générale annuelle le 21 avril. À cette occasion, deux nouveaux membres ont été élus pour siéger sur le conseil d’administration. Nous souhaitons la bienvenue à Sandria P. Bouliane et à Adrien Rannaud, tous deux post-doctorants (UQAM et UdeS). Les postes au sein du conseil d’administration seront attribués lors de la réunion du conseil d’administration. L’AQÉI tient à souligner le départ d’une de ses conseillères chevronnées, Pascale Ryan. Nous la remercions pour ses loyaux services.
Merci à tous les participant.es et à ceux et celles qui ont assisté à cette 50e journée. Nous remercions également BAnQ et le Crilcq qui ont contribué à la réussite de cette journée.
Longue vie à l’AQÉI!
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2016
Vendredi 25 novembre 2016
Campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke, local L1-5665
Journée spéciale
« Doc / Post-doc »
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- François Dominic Laramée, Université de Montréal
« La production de l’imaginaire spatial dans l’imprimé français d’Ancien Régime : une approche numérique »
Quelle image mentale du monde un Français de la première modernité pouvait-il se tracer au contact des journaux et des livres? Comment caractériser le message géographique transmis par les ouvrages savants, les périodiques, les descriptions et les récits de voyage du XVIIIe siècle — et peut-être discerner leur influence sur les événements historiques?
L’étude d’une telle problématique suggère de combiner la « lecture distante » d’un vaste corpus, à l’aide de méthodes informatiques de traitement de la langue naturelle, avec une lecture traditionnelle des sources. Mais comment appliquer la lexicométrie, la fouille de textes et l’apprentissage machine à des textes du XVIIIe siècle dont la qualité peut être compromise par un processus de reconnaissance optique des caractères conçu pour les langues contemporaines?
Après un tour d’horizon du cadre théorique de ma thèse, la présentation se penchera sur ces enjeux méthodologiques et sur des résultats préliminaires tirés de l’analyse de l’Encyclopédie et d’un périodique de nouvelles, la Gazette (1740-1761).
François Dominic Laramée est doctorant en histoire à l’Université de Montréal, sous la direction de Susan Dalton. Sa thèse porte sur une analyse numérique de la représentation de l’espace dans l’imprimé de langue française entre 1740 et 1815. Détenteur de maîtrises en informatique (intelligence artificielle) et en histoire des États-Unis, il a reçu des bourses d’études supérieures du CRSNG, du FRQSC et de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université de Montréal. Directeur et co-auteur de quatre livres destinés au marché des développeurs de jeux vidéo, il compte près de 25 ans d’expérience professionnelle en développement de logiciels et dans les médias.
- Élyse Guay, Université du Québec à Montréal
« Reconstitution du réseau transaméricain des revues francophones (1941-1948) : fonds d’archives et correspondances en France et en Belgique »
Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, puis l’Occupation de la France, se créer un espace littéraire de l’exil. Plusieurs intellectuels, écrivains et traducteurs français, belges, suisses ou d’autres nationalités émigrent à New York, Mexico et Buenos Aires. Au Canada français, les revues La Nouvelle Relève, Amérique française et Gants du ciel font une place considérable aux contributions d’écrivains exilés. Mon projet de thèse s’intéresse à la constitution de réseaux littéraires et intellectuels, nouvelles formes de sociabilité dans les Amériques, qui insèrent Montréal dans une nouvelle dynamique éditoriale. Dans le cadre de cette communication, il s’agira de livrer les premiers résultats d’un dépouillement de vingt fonds d’archives centré sur les correspondances d’animateurs de revues. En plus d’émettre des hypothèses quant aux médiations au sein des réseaux de la Résistance, j’esquisserai le travail d’encodage à venir et le recours aux outils d’analyse bibliométrique susceptibles d’éclairer de futures études de transferts culturels.
Élyse Guay amorce sa deuxième année de scolarité au doctorat en études littéraires à l’UQAM. En 2015, elle a déposé un mémoire intitulé La revue Dérives (1975-1987) et l’écriture migrante : introduire le Tiers dans la littérature québécoise. En collaboration avec son directeur, Michel Lacroix, elle signe un article dans le récent dossier de Voix et images, « La révolution littéraire des années 1940 au Québec », sous le titre « Saillies et paradoxes : Amérique française et l’ethos du moraliste bouffon ». Elle est récipiendaire d’une bourse de doctorat Joseph-Armand Bombardier (CRSH) et membre du CRILCQ à l’UQAM.
- Julien Lefort-Favreau, Université de Sherbrooke / Université Queen’s
« Les mots ont un sens » : Eric Hazan et La Fabrique éditions
Afin de définir l’importance de l’éditeur dans l’élaboration des politiques de littérature en France, nous nous intéresserons au cas de la Fabrique et d’Eric Hazan. En observant le catalogue de la Fabrique, il s’agira d’abord de déterminer sa position dans le champ éditorial. La Fabrique s’est notamment fait connaître par la publication de trois livres d’André Schiffrin qui présentent une réflexion sur les pressions économiques de l’industrie culturelle et des formes de censure sur la vie intellectuelle induite par le contrôle des réseaux de diffusion. Ses propres livres, où s’expriment ses vues sur le milieu éditorial et sur la portée politique de son métier, revêtent une valeur quasi manifestaire. Nous tenterons d’identifier les stratégies énonciatives de l’éditeur, à la fois intellectuel engagé, diffuseur et prescripteur de la pensée, qui lui permettent de s’inscrire dans des débats mondiaux sur la bibliodiversité et l’édition indépendante.
Julien Lefort-Favreau est boursier postdoctoral Banting (CRSH) à l’Université de Sherbrooke et Bader fellow à l’Université Queen’s. Il est détenteur d’un doctorat en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Depuis 2012, il est également directeur des pages littéraires du cahier critique de la revue Liberté.
- Dominique Raymond, Université de Montréal
« Entre trésor et Pandore : les archives de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique »
Ma recherche postdoctorale s’intitule Histoire et formes de la littérature à contrainte au Québec; elle réunit les travaux d’artistes comme Raôul Duguay, Paul-Marie Lapointe, Line McMurray, Dominique Fortier, Alexandre Bourbaki, André Gervais, Jean-François Chassay, Denis Marleau et s’attarde à la question du formalisme dans la littérature québécoise depuis les féministes, comme Nicole Brossard.
Line McMurray était jusqu’à tout récemment présidente de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique. Elle me donne accès aux archives de l’AQ’P, qui comportent des textes inédits écrits par des membres, des photographies, des vidéos, quelques livres, des objets pataphysiques significatifs, des compte-rendus de réunions, de la correspondance entre pataphysiciens et des exemplaires de revues, de catalogues d’expositions auxquelles l’AQ’P a participé, un dossier de presse, etc.
Ma communication présentera dans un premier temps l’AQ’P : les membres, les travaux, le rituel, la ‘pataphysique, les liens avec l’Oulipo et la littérature à contrainte, etc. Dans un second temps, j’aborderai plus précisément les archives et leur traitement analytique. Comment traiter une matière abondante et riche, mais hétéroclite et disparate? Aussi, comment analyser cette matière en regard de la problématique d’ensemble de la recherche postdoctorale? Voilà donc les deux questions méthodologiques qui seront mises de l’avant dans cette présentation des archives de l’Académie québécoise de ‘Pataphysique.
Dominique Raymond est récipiendaire d’une bourse postdoctorale du FRQ-SC pour le projet Histoire et formes de la littérature à contrainte au Québec qu’elle mène à l’Université de Montréal. Elle est l’auteure d’une thèse sur la lecture des textes à contrainte et chargée de cours depuis 2008 à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
- Caroline Loranger, Université de Montréal
« Le “roman canadien” : analyse de la création d’une identité générique aux Éditions Édouard Garand »
Les Éditions Édouard Garand sont parmi les premières maisons d’édition canadiennes-françaises à tenter de définir précisément le créneau qu’elle entend exploiter. L’étude de l’ensemble du paratexte de la série « Romans canadiens », publiée de 1923 à 1931, permet de monter comment se construit une identité générique particulière aux Éditions Édouard Garand. La présence accrue d’indicateurs génériques, particulièrement accentués par la typographie et la mise en page, et les illustrations à saveur sensationnaliste montrent, d’une part, le désir de produire un roman s’adressant à la masse, en opposition à la littérature édifiante visant la bourgeoisie. D’autre part, l’ajout, à partir de 1925, d’un supplément intitulé « La Vie canadienne » en fin de volume, de même que les publicités que celui-ci contient, vient en quelque sorte changer la manière d’appréhender le roman en tant que genre littéraire. Loin de constituer un appendice à considérer séparément, « La Vie canadienne » est en effet à prendre en compte comme constituant même du roman et comme un des indicateurs qu’on opère, chez Édouard Garand, une conceptualisation du genre différente de celle portée par les maisons d’édition concurrentes.
Caroline Loranger est doctorante au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Sous la direction de Karim Larose, elle travaille à l’élaboration d’une thèse portant sur l’évolution du genre romanesque au Québec au cours de l’entre-deux-guerres. Ses activités de recherche, financées par le CRSH et la Fondation de BAnQ, portent principalement sur la théorie du roman et l’histoire de la réception littéraire au Québec. Elle a collaboré aux revues @nalyses et Continents manuscrits de l’ITEM. Elle est également directrice éditoriale de la revue Le Crachoir de Flaubert.
- Samuel Gaudreau-Lalande, Université Concordia
« La photographie au service de la colonisation en Abitibi, 1935-1952 »
Le Service de ciné-photographie (SCP) est mis en place en 1941 afin de centraliser les activités de production et de distribution de matériel visuel et audio-visuel qui s’étaient développées au sein de plusieurs ministères depuis les années 1920. Pendant ses vingt ans d’existence, le SCP produit des dizaines de milliers de photographies sur les sujets les plus divers, dont une grande part concerne l’agriculture. Pourquoi l’État québécois s’est-il engagé dans une entreprise photographique d’une telle ampleur? Par qui ces photographies ont-elles été commandées, et à quelles fins? Cette communication tente de cerner les contours de l’entreprise de communication visuelle à laquelle ces images sont destinées en retraçant le parcours des photographies depuis l’archive jusqu’à leur publication dans les périodiques de l’époque.
Samuel Gaudreau-Lalande est étudiant au doctorat en histoire de l’art et chargé de cours à l’Université Concordia. Dans le cadre de sa thèse, il étudie les usages de la photographie dans la communication publique de l’État québécois avant la Révolution tranquille. Ses articles et conférences concernent l’articulation de la photographie, du territoire et de la propagande.
JOURNÉE DU PRINTEMPS 2016
Résumé de la journée « Bases de données et outils numériques : des révélateurs de l’imprimé et du littéraire »
Organisée par Anthony Glinoer (GREMLIN) et Marie-Claude Felton (AQÉI).
Le jeudi 26 mai 2016, Université du Québec à Montréal
Local RM-150 (pavillon des Sciences de la gestion, 315 Sainte-Catherine E.)
Programme AQÉI Printemps_26 mai_programme final_vf
La première séance de la journée a abordé les nouvelles avenues théoriques que les outils numériques permettent d’explorer. Guillaume Pinson (U. Laval) et Julien Schuh (U. Reims) ont proposé d’étudier la «viralité» en contexte de mondialisation médiatique à partir des corpus de presse numérisés sur différentes plateformes, soulevant du même coup les enjeux de la mise à la disposition de ces données pour la recherche. Vous pouvez suivre l’activité des chercheurs sur Twitter et sur le site de Médias19.
Michel Lacroix et Olivier Moses (UQAM) ont présenté les travaux du Stanford Literary Lab, collectif dirigé par Moretti et Algee-Hewitt qui rendent compte dans différents carnets de recherche de leurs expérimentations de nouvelles méthodes d’analyse factorielle et de calcul critique sur le littéraire.
Seule entreprise individuelle du colloque, le projet de Marie Léger Saint-Jean (University of Cambridge) de bibliographie des Penny bloods combine littérature populaire et humanités numériques. Dans sa présentation sous forme de récit de « voyage solitaire », elle a livré toutes les étapes de son projet et les embuches rencontrées en cours de route, de l’apprentissage de la programmation d’une base de données au traitement de différents niveaux de données.
http://www.marielegerstjean.info/
Le Projet de registres de la Comédie française présenté par Sara Harvey (Paris IV, UQTR) porte plusieurs facettes : édition numérique du corpus de registres, bases de données, valorisation d’un corpus d’exception, création d’un ensemble éditorial et d’un site web comptant un espace encyclopédique et un espace pédagogique. Pour réaliser toutes ses visées, le projet a rassemblé une équipe formée de chercheurs, d’informaticiens et de designers oeuvrant sur différents continents.
Micheline Cambron (UdeM) nous a fait pénétrer dans les coulisses du Labo.pop dont l’objet principal est l’historicisation des discours par le dépouillement d’un vaste corpus de presse. Elle nous a présenté les perspectives de dépouillement tant en amont qu’en aval en détaillant notamment tous les mécanismes de vérification et de validation derrière la saisie de données.
Olivier Lapointe (UdeM), grand manitou derrière nombre de projets présentés lors de cette journée d’études, a présenté les travaux du GREMLIN et les outils mis au point dans le cadre du projet « Figurations romanesques du personnel littéraire en France, 1800-1945 » pour transposer les fiches de lecture sur un support numérique et produire une série de lectures de ces fiches à partir du couplage de différents critères.
Ci-contre : un « générateur » de représentations d’écrivain tiré du site du groupe de recherche.
Le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ) dispose de plusieurs bases de données dont certaines ont été mises en place dès la fondation du groupe dans les années 1980. Josée Vincent (UdeS) a proposé différentes perspectives de recherche à partir de celles-ci, tout particulièrement la base de données sur les gens du livre au Québec et les catalogues d’éditeurs.
Pour clore la séance portant sur les grands travaux collectifs, il a été question de la « vie numérique » du projet La vie littéraire au Québec. Marie-Frédérique Desbiens (U. Laval et UQAM) a décrit l’infrastructure numérique mise en place pour soutenir la recherche collaborative et répondre aux problèmes posées par la période couverte par les trois derniers tomes (VI, VII, VIII)
***
Pour entendre les échanges lors de cette journée, visiter le site du GREMLIN.
JOURNÉES DE L’AUTOMNE 2015
Les 47e journées d’échanges scientifiques de l’AQÉI : une invitation à la recherche
Les 47e journées d’échanges organisées par Julie Roy et Chantal Savoie ont su de nouveau rallier des gens de différents horizons autour d’un socle commun : l’étude de l’imprimé. Les présentations de fonds d’archives, de projets de recherches, de publications à venir et les visites d’exposition firent de ces deux journées à Ottawa une réelle invitation à la recherche. Nous vous invitons à lire le résumé de ces journées sur notre site internet et à visiter notre page Facebook pour voir l’album de photos.
Un aperçu de ce qui se trouve sur les tablettes de la collection des livres rares à l’Université Saint-PaulJEUDI 5 novembre
Michel Lalonde, responsable des archives du CRCCF, a livré une présentation faite sur mesure pour les membres de l’AQÉI en nous faisant découvrir les fonds d’archives du CRCCF reliés à l’étude du livre et de l’imprimé. En plus d’une collection de brochures (3 500 titres) et du deuxième plus important fonds de manuels scolaires, le CRCCF détient des fonds de revues tels que Lettres québécoises (qui compte de nombreuses photos d’écrivains prises par Adrien Thério), des fonds d’éditeurs dont les Éditions Esterel et des fonds consacrés à la littérature franco-ontarienne.
Dans le même esprit, Julie Roy, chef bibliothécaire des Archives et collections spéciales (ARCS) de la Bibliothèque de l’Université d’Ottawa, a présenté l’étendue des fonds disponibles aux ARCS : des 14000 livres rares (dont 4 incunables), aux archives slovaques jusqu’aux recherches sur les ovnis! Les idées ne manquent pas pour qui veut « faire de l’histoire du livre et de l’imprimé aux Archives et collections spéciales ». L’une des particularités des ARCS est la section « Archives des femmes » qui regroupe pas moins de 170 fonds d’archives de regroupements féministes anglophones et francophones dont des fonds de maisons d’édition et de librairies féministes, ainsi que près de 900 périodiques et bulletins relatifs au mouvement des femmes au Canada. Différentes pièces de cette collection sont mises en valeur dans l’exposition en cours « Les archives et collections spéciales : une perspective féminine-féministe ».
VENDREDI 6 novembre
Les journées d’échanges scientifiques de l’AQÉI ont, au fil des années, permis à de nombreux chercheurs de présenter des projets de recherches en cours. La journée du vendredi n’a pas dérogé à la tradition en ouvrant avec la présentation de Maxime Prévost et Charles-Étienne Chaplain-Corriveau (Université d’Ottawa) intitulée « Jules Verne et l’imaginaire médiatique franco-américain ». Le projet « Le Canada de Jules Verne », codirigé par Maxime Prévost et Guillaume Pinson (Université Laval), s’inscrit dans la programmation du groupe Médias19. Il a pour objectif de reconstituer l’imaginaire social du Canada tel que construit à travers notamment la presse française entre 1870 et 1900 de manière à comprendre ce qui a nourri l’imaginaire vernien du Canada. Jules Vernes a signé trois romans qui se déroulent au Canada, « pays de prédilection » de l’auteur même s’il n’y a vraisemblablement séjourné pas plus de vingt-quatre heures.
Le dépouillement de la presse périodique est une étape cruciale dans une telle aventure. Charles-Étienne Chaplain-Corriveau a abordé les enjeux que pose le dépouillement de corpus de presse de grande ampleur. De ce projet découleront également trois éditions critiques des « romans canadiens » : Le Pays des fourrures (1873); Famille-sans-nom (1889); Le Volcan d’or (1906). Pour connaître tous les détails de ce projet fascinant, consulter le site Médias19 .
Un colloque intitulé « Jules Verne et la culture médiatique, de 1864 à nos jours » aura lieu à l’Université Laval les 28 et 29 avril 2016.
Lucie Joubert et Marcel Olscamp (Université d’Ottawa) nous ont guidés à travers toutes les étapes menant à l’édition des correspondances entre Jacques Ferron, Madeleine Ferron et Robert Cliche. La série de trois tomes, dont les deux premiers ont paru chez Leméac (2012, 2015), a demandé un travail d’étroite collaboration avec les ayants droit et a soulevé nombre de questions concernant la teneur et la fonction du travail d’annotation des lettres. Les trois tomes témoignent de trois époques dans la vie de ce trio d’intellectuels bien de leur temps et livrent de façon intime la venue à l’écriture de l’écrivaine Madeleine Ferron.
La présentation de Catherine Voyer-Léger (Université d’Ottawa) fut l’occasion de faire état de ses réflexions sur le métier de critique culturel qui figurent dans son ouvrage Métier critique (Septentrion, 2014) et de proposer de nouvelles pistes de recherche pour poursuivre le travail d’investigation sur le milieu médiatique. Aborder la question de la critique culturelle demande non seulement qu’on s’intéresse à l’espace occupé par celle-ci dans les différents médias, mais surtout qu’on étudie la manière qu’a la critique d’occuper cet espace. Catherine Voyer-Léger déplore que les médias de masse misent tous sur le même public et délaissent le public de niche. Elle a également soulevé les problèmes que pose la proximité entre le secteur culturel comme annonceur dans les journaux et objet de chronique culturelle, sans compter la relation complexe entre les journalistes et les artistes en raison des tensions nouvelles entre vie privée et vie publique.
Michel Prévost (archiviste en chef, Université d’Ottawa) se fit le guide de nos « Vagabondages à travers l’histoire des Presses de l’Université d’Ottawa ». Il souligna les moments marquants de cette maison d’édition créée officiellement en 1936, mais dont les origines remontent au début des années 1930 avec les pères oblats. Il présenta différentes publications marquantes, notamment celles exposées dans le cadre de l’exposition « Célébrer le 80e anniversaire des Presses de l’Université d’Ottawa » actuellement en cours aux Archives et collections spéciales. Michel Prévost rappela que la survie des Presses, qui comptent à ce jour 1100 titres publiés, tient en grande partie à leur spécificité comme éditeur important des auteurs franco-ontariens.
La dernière présentation de la journée fut l’occasion de découvrir le projet d’Atlas de la littérature québécoise (ALQ) codirigé par Pierre Hébert (Université de Sherbrooke) et Bernard Andrès (UQAM). Cet ouvrage unique dans le paysage des travaux dédiés à la littérature québécoise poursuit l’objectif de « donner à voir la littérature québécoise ». Après avoir étudié la composition de différents atlas, Pierre Hébert présenta la structure de l’atlas à paraître chez Fides en 2017 et qui comptera de nombreux collaborateurs.
Les journées de l’AQÉI se sont terminées par une visite de la section des livres rares de la Bibliothèque et des Archives universitaires Jean-Léon-Allie de l’Université Saint-Paul par Jérémie Le Blanc, bibliothécaire en chef de l’Université Saint-Paul. La Bibliothèque compte un important fonds de livres rares, dont 14 incunables. La richesse de la collection présentée fut une autre belle invitation à la recherche.
L’AQÉI tient à remercier le Réseau des bibliothèques de l’Université d’Ottawa pour la pause-café et le dîner boîte à lunch et l’Université Saint-Paul pour son accueil.
Pour lire les gazouillis de l’AQÉI #47AQEI : https://twitter.com/AQEImprime
En route vers SHARP 2015!
Le Congrès SHARP se tiendra au Québec, du 7 au 10 juillet prochains. Les bibliophiles/logues/manes et autres espèces apparentées partageront leurs connaissances en trois lieux : Université de Sherbrooke (Campus de Longueuil), Université McGill et Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
L’AQÉI sera présente à divers titres, en particulier le mercredi 8 juillet; et, bien sûr, plusieurs de ses membres présenteront des communications. En outre, l’AQÉI parraine, avec la Société bibliographique du Canada, trois conférences d’honneur, prononcées par Leslie Howsam, Anthony Glinoer et Robert Darnton, et une table ronde sur «L’héritage des grands projets nationaux d’histoire du livre», événements qui feront l’objet d’une traduction simultanée grâce a une subvention du ministère du Patrimoine canadien.
Voici en résumé les activités de l’AQÉI pour le mercredi 8 juillet au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke.
15 h : Assemblée générale (L1-3670)
16 h : Session de communications par affiches, organisée
conjointement avec l’Association canadienne pour l’étude de l’histoire du livre (Agora)
18 h : Cocktail, offert par l’AQÉI et l’ACÉHL (Agora)
Pour ne rien manquer du congrès, consultez le programme détaillé.
JOURNÉE DE L’AUTOMNE 2014
La journée d’échanges scientifiques de l’AQÉI e eu lieu le vendredi 24 octobre 2014 à la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie.
Résumé en photos sur notre page Facebook.
Programme_24 octobre 2014_FINAL.
Mylène Bédard (Université de Montréal), « Correspondre en temps d’insurrection : quand la lettre féminine épouse le rythme du journal »
Malgré le nombre florissant de travaux sur les rapports entre la littérature et la presse, la question des pratiques et des expériences de lecture des périodiques demeure un pan de la recherche encore peu exploré. Or le contexte insurrectionnel bas-canadien semble favorable à l’étude des usages du journal, car en plus d’agir comme un incitatif à l’écriture épistolaire, la situation de crise politique engendre une affluence de nouvelles qui altère la dynamique de la correspondance familiale. Partant du postulat selon lequel le rôle de médiation du journal acquiert une dimension capitale dans le quotidien d’individus sans lien direct avec la sphère publique, cette communication vise à observer comment les épistolières s’approprient ce flux d’informations médiatiques et à identifier les visées et les enjeux de ce maillage de considérations politiques et de nouvelles familiales sur la pratique épistolaire ainsi sur la figure de l’épistolière. Comment ces usages de la presse nous renseignent-ils sur le rapport des femmes aux événements révolutionnaires ? À ce questionnement s’ajoutent deux impératifs : rendre compte de la diversité des pratiques et historiciser ces rapports à la culture médiatique à l’échelle de la décennie 1830-1840. L’analyse de la relation entre les lettres de femmes patriotes et le journal et, plus particulièrement, de l’impact de cette relation sur le rapport que les épistolières entretiennent avec la temporalité, permet de cerner trois différents rythmes qui modulent la pratique épistolaire en temps d’insurrections, soit l’accélération, le ralentissement et la compensation.
Julie Roy (Université d’Ottawa), « “Le secret d’être heureux, c’est de rester poète…” : Élise B. Larivière (1847-1911), une auteure prolifique, publiée… et oubliée de l’histoire littéraire québécoise »
(à venir)
Peggy Roquigny (UQÀM), « À chacun son opinion, à chacun son imprimé : l’utilisation stratégique des publications dans le débat sur la danse au Québec au tournant des XIXe et XXe siècles »
(à venir)
Sophie Drouin (Université de Sherbrooke), « De la spécialisation à la professionnalisation du métier d’illustrateur : pistes et propositions pour comprendre l’évolution de la pratique de l’illustration de l’édition littéraire au Québec, de 1937 à 1983 »
Ce projet de thèse vise à approfondir les liens entre le métier d’illustrateur et l’édition littéraire afin de jeter un éclairage sur l’évolution d’une pratique mal connue et mal définie. L’étude propose d’analyser les conditions dans lesquelles les illustrateurs ont œuvré au Québec, ainsi que les processus de spécialisation et de professionnalisation du métier, depuis le début des premiers cours spécialisés en illustration vers la fin des années 1930, jusqu’à la fondation de l’Association des illustrateurs et illustratrices du Québec en 1983.
Parmi les domaines d’activités de l’illustrateur, l’édition littéraire pose de la façon la plus sensible la question du rapport entre l’image et le texte. Elle donne accès à la fois aux enjeux symboliques de la pratique, puisque son support fait une large place à la créativité, et aux enjeux économiques, puisque son essor et sa spécialisation vont permettre aux illustrateurs de mieux en vivre et de développer de nouveaux publics. La position du livre dans la hiérarchie des biens culturels, et celle de la littérature dans les valeurs culturelles donnent des lettres de noblesse à une pratique souvent considérée comme uniquement soumise au texte de l’auteur ou aux commandes de l’éditeur. Par conséquent, l’espace du livre et son contenu littéraire tendent à mettre en valeur le travail de l’illustrateur qui devient un créateur à part entière.
L’étude des parcours individuels d’illustrateurs s’avère pertinente dans la mesure où elle permet de faire apparaître les principes de structuration et d’organisation d’un monde de l’illustration. Elle renseigne aussi sur leurs aspirations, sur leurs compétences spécifiques et sur leurs stratégies de légitimation, autant d’éléments nécessaires à la compréhension des statuts social, artistique et professionnel des illustrateurs. Ainsi, partant de l’idée que le développement de l’édition littéraire joue un rôle essentiel dans l’évolution du métier d’illustrateur et que certaines conditions se mettent en place, à l’époque étudiée, pour faire de l’illustration un véritable métier, la recherche permettra de comprendre les spécificités de la pratique dans ses rapports à l’art, au marché et à l’institution.
Guillaume Willem (Université de Louvain), « L’entretien d’écrivain : innovations médiatiques et mutations génériques. Presse écrite, radio, télévision et édition »
Le projet de thèse doctorale[1] présenté repose sur l’hypothèse globale, à valeur heuristique, d’une corrélation entre les innovations techniques/médiatiques (avènement de la presse, de la radio, de la télévision) et les mutations génériques que connaît ce discours identifié comme entretien d’écrivain. À partir de cette proposition, il s’agit de mettre au jour les enjeux de l’interaction des paramètres génériques et médiatiques en fonction desquels est configuré l’entretien.
Ces deux axes de questionnement, médiatique et générique, permettent d’examiner de façon coordonnée plusieurs paramètres fondamentaux de l’entretien d’écrivain : son fonctionnement d’interaction verbale, sa scénographie, sa double inscription, littéraire et journalistique, sa valeur performative et les axiologies partagées qui le sous-tendent. À cette fin, le travail procède à l’analyse d’un corpus d’entretiens de langue française parus dans la presse, diffusés à la radio ou à la télévision, et édités sous forme de recueil, du début des années 1930 à nos jours.
À partir d’un bref commentaire du vocabulaire employé pour désigner l’objet, il convient de prendre la mesure de l’hybridité d’un genre qui se tient à la croisée des discours journalistique et littéraire, et des conséquences de celle-ci sur le fonctionnement du discours eu égard aux dispositifs médiatiques dont il s’empare, d’abord, et au caractère composite de son identité générique, d’autre part. L’intermédialité et la généricité de l’entretien d’écrivain dont il est question concerne par ailleurs un discours qui se positionne par rapport à des imaginaires et des représentations partagés. En ce sens, les phases de négociation d’une série de positionnements s’imposent comme lieux-clés du discours pour l’étude de la généricité de l’entretien d’écrivain en contexte médiatique.
[1] Ce projet s’inscrit dans le programme « Pôles d’attraction interuniversitaires » intitulé « Literature and Media Innovation » (http://lmi.arts.kuleuven.be/).
Visite de la médiathèque littéraire
o Des débuts de l’imprimé littéraire à la Révolution tranquille, par Gaëtan Dostie;
o Les années 60-70 et les écrits révolutionnaires,
par François Filion (collectif Anarchives);
o L’atelier d’imprimerie typographique et de reliure d’art, par Manuel Mineau-Vézina (directeur, librairie-atelier La Passe).
JOURNÉES DU PRINTEMPS
Journées d’échanges scientifiques de l’AQÉI – 3-4 avril 2014
Résumés
Jeudi 3 avril
Université du Québec à Trois-Rivières
Syliane Malinowski-Charles (UQTR), « La sagesse de Pierre Charron »
Dans son ouvrage-phare De la sagesse, publié en 1601 puis de manière posthume dans une réédition augmentée en 1604, Pierre Charron présente une pensée qui a connu une postérité paradoxale : celle d’être réfutée comme l’expression d’un séditieux libertinage, ou défendue et soutenue par Port-Royal et les jansénistes. C’est que la sagesse que Charron y présente se veut « strictement humaine », et que la morale y est séparée radicalement de la théologie. Sous le terme de « preud’homie », il préconise une sagesse dont on fait voir les influences stoïciennes tout autant (pour d’autres aspects) que sceptiques. Reliée à la justesse des intentions, on montre que la sagesse présentée par Charron se joue au niveau des mœurs et de la conduite : elle est à la fois connaissance de soi, compréhension de la nature (dont il s’agit de suivre les commandements), liberté de penser, et, pour les actions et la sociabilité, tempérance, prudence, et fermeté d’âme.
Laurent Turcot (UQTR), « Lavater : la rationalité détournée ? »
À venir.
Marie Lise Laquerre (UQAR), « Les Lettres sur les spectacles de Charles Desprez de Boissy et les polémiques sur le théâtre »
Lorsque Charles Desprez de Boissy publie sa première Lettre sur les spectacles en 1756, Lettre dans laquelle il condamne le théâtre comme étant « le berceau des passions » et l’école du vice et des mauvaises mœurs, les longues querelles qui avaient échauffé les esprits au XVIIe siècle sur cette question se sont essoufflées et le public, de plus en plus nombreux à assister aux représentations scéniques, fait montre d’une véritable passion pour toutes les formes de spectacles.
Toutefois, nombreux furent ceux qui se trouvèrent d’accord pour louer l’ouvrage de Boissy et les sept rééditions qui s’ensuivront (enrichies d’une seconde Lettre puis d’une Histoire des ouvrages faits pour et contre les théâtres publics) témoignent d’un succès certain qui prouve que, encore à cette époque, une grande partie du public reste attachée à la tradition catholique pour laquelle il n’y a pas moyen de réconcilier les plaisirs des spectacles avec la sévérité du christianisme.
La polémique qui s’ensuivra – au cours de laquelle s’affronteront ceux qui condamnent le théâtre en clamant qu’il est funeste à la société et à l’individu et ceux qui soutiennent que le théâtre, en stimulant les passions pour mieux les régler, fait œuvre utile – met cependant en évidence la manière dont la controverse sur le théâtre sort peu à peu du domaine théologique et dogmatique, telle qu’elle s’affirmait au XVIIe siècle, pour questionner l’utilité du théâtre au regard d’une morale maintenant considérée dans une perspective sociale et humaine. C’est le parcours de l’évolution des mœurs et des idées qui ont ponctué les querelles portant sur le théâtre que je me propose d’examiner dans cette communication.
Françoise Gevrey (U. de Reims Champagne-Ardenne), « L’esprit d’une “collection” : du Cabinet des fées (1785) à la Bibliothèque des génies et des fées (2004) »
Les 41 volumes du Cabinet des fées parurent en un temps où l’on estimait que la mode des contes merveilleux était passée, et où, dans un contexte de défiance l’égard de la bibliomanie, l’on hésitait entre les compilations qui abrègent et les œuvres complètes. La collection constituée par le chevalier de Mayer se donne, par opposition à une «bibliothèque», pour un «cabinet» qui associe le goût des gens du monde et l’intérêt pour les curiosités. Le projet ne va pas sans ambiguïtés. Soumis à des contraintes commerciales, proposé en souscription avec une permission tacite, il est présenté dans un prospectus et dans un Discours qui en soulignent l’intérêt pour la morale et pour l’agrément selon l’âge des lecteurs. Sans passer uniquement pour des archives, la collection doit être appréciée du monde moderne ; Perrault y est placé en tête pour donner un caractère moral et officiel au genre du conte. Cependant Mayer ne résiste pas à la tentation bibliophilique quand il accroît le nombre des volumes en les accompagnant d’avertissements. La collection a le mérite de révéler de bons conteurs, mais elle a aussi ses faiblesses : exclusions arbitraires, attributions fausses, dispersion des contes orientaux, lacunes. Les notices des auteurs justifient les choix tout en s’ouvrant aux conteurs qui ont été écartés (Voisenon, Crébillon, Bret) : elles rendent compte d’une présentation hiérarchisée selon des critères moraux ou subjectifs, et soumise à des réseaux de collaboration. L’ajout des quatre volumes de contes orientaux composés par Cazotte (1788-1789) répond au goût du temps en incluant des idées de Rousseau ou le martinisme de l’auteur. La Bibliothèque des génies et des fées qui a paru chez H. Champion depuis 2004 (dir. N. Jasmin), a bénéficié des recherches lancées par Raymonde Robert ; il s’agit d’une édition critique en 20 volumes, avec un découpage chronologique plus rigoureux que celui du Cabinet. Elle donne la première place à Mme d’Aulnoy, elle permet de lire les contes parodiques et licencieux avec leurs préfaces, et ainsi d’insister sur la dimension ironique inhérente au genre. Elle s’achève sur un volume consacré aux «Génies instituteurs» (qui vient de paraître), une anthologie qui présente des contes allégoriques moins connus de la fin du XVIIIe siècle faisant place à la fois aux idées des Lumières et au contexte politique de la Révolution. Le Cabinet des fées est donc plus qu’un mausolée : il a permis au conte de garder toute sa place dans la culture du siècle suivant et l’édition moderne de la Bibliothèque des génies et des fées ne saurait se concevoir sans le patrimoine qu’il a rassemblé.
Nelson Guilbert (UQTR), «“Voltaire, au secours” : l’œuvre du patriarche à l’aube du XXIe siècle »
Auteur d’une œuvre considérable, dont on retrouve une édition contrefaite dans les collections anciennes de l’Université du Québec à Trois-Rivières, Voltaire a suscité, depuis deux siècles et demi, d’innombrables échos ; qu’ils soient littéraires, artistiques, politiques, historiques ou philosophiques, ces échos participent à l’élaboration d’un perpétuel et polymorphe mythe voltairien qui, s’il prend racine dans les écrits du patriarche, tend souvent à s’éloigner de ces derniers. En témoignent deux textes récents : le Voltaire du philosophe et penseur politique John Gray, paru en 1997, où l’on cherche à déconstruire la pensée du patriarche de Ferney pour accuser métonymiquement la philosophie du XVIIIe siècle de porter, à tort ou à raison, le germe du positivisme ; et le Nouveau Candide, roman du journaliste Dominique Jamet publié en 1994, où l’on se réclame de l’ironie voltairienne pour formuler, à raison ou à tort, une virulente satire du monde contemporain. À la lumière de ce bref parcours, on remarquera l’étonnante plasticité du mythe : ainsi va le travail de la mémoire, en vertu duquel les représentations du passé sont façonnées au gré du contexte intellectuel où elles s’inscrivent, à la faveur d’un rapport dynamique et rhétorique à l’histoire. Mais qu’elles soient pessimistes ou optimistes, qu’elles apparaissent dans les pages d’un livre ou sur la scène d’un théâtre, dans un bas-relief ou sur l’écran d’un téléviseur, les représentations de Voltaire permettent de jeter un éclairage fécond et de susciter les débats, tant sur le siècle des Lumières que sur le nôtre, conférant de la sorte une actualité toujours nouvelle au patrimoine imprimé.
Vendredi 4 avril
Université de Sherbrooke
Bernard Beugnot (Professeur émérite, U. de Montréal), « Autour de Marsile Ficin : les traducteurs de Platon et la diffusion du platonisme au XVIe siècle »
Marsile Ficin (1433-1499) publie sa traduction latine des œuvres de Platon, travail de plus de dix ans entrepris à l’initiative de Cosme de Medicis, à Florence chez Lorenzo Veneto, en 1484. Les éditions européennes (Venise, Bâle, Paris) en sont nombreuses – celle conservée à Sherbrooke date de Lyon, 1543 – et Ficin fait l’objet d’une notice détaillée dans tous les ouvrages encyclopédiques jusqu’à Adrien baillet et Louis Moreri. La préface de sa traduction est un éloge de Platon comme maître de sagesse, modèle d’éloquence et virtuose du dialogisme qui s’adresse aussi bien aux simples qu’aux habiles.
Bien que la qualité littéraire de cette traduction ait été très tôt mise en doute, elle demeure un instrument essentiel de la fortune du platonisme, réflexion sur la transcendance, le beauté et l’Amour, de l’École lyonnaise (Louise Labé, Maurice Scève) , la Pléiade (« L’idée », sonnet de Du Bellay dans L’Olive, 1549-1550) jusqu’à La Mothe le Vayer , La Fontaine ( Les Amours de Psyché et de Cupidon , 1669) ou René Rapin (Comparaison de Platon et d’Aristote, 1671) et de son association avec l’héritage chrétien et plus singulièrement augustinien (« Platon pour disposer au christianisme », Pascal).
R. Marcel, biographe moderne de Ficin, caractérise en ces termes sa traduction de Platon : « somme théologique de la Renaissance, expression la plus profonde et la plus exaltante de l’humanisme florentin pour qui le Beau était inséparable du Vrai ».
Éric Van der Schueren (U. Laval), « Les Oraisons funèbres de Fléchier : le style fleuri exemplaire »
La bibliothèque de l’Université de Sherbrooke possède parmi ses livres anciens un exemplaire de l’édition des Oraisons funèbres de Valentin Esprit Fléchier, chez Jean Desaint, en 1761. Après les éditions séparées comme convenu de chacune de ces oraisons – la plupart par l’éditeur officiel de la cour, Sébastien Mabre-Cramoisy – et celle qui fut collective pour la première fois en 1704, c’est l’officine de Jean Desaint qui va faire perdurer la renommée attachée à ces textes d’éloquence sacrée, de sorte que Fléchier sera un incontournable pour illustrer l’exercice. Desaint soigne ses nombreuses rééditions (quasi annuelles) : exactitude des textes, notice bio-bibliographique et notes restituées.
Charles Batteux sera le premier au commencement du XVIIIe siècle à pointer la voie particulière qui fut empruntée par la rhétorique de Fléchier, soit le style fleuri (Cicéron, Orator), soit une modulation entre l’atticisme et l’asianisme, entre le style humble et le haut style. Ce faisant, il prendra pour exemple premier, l’oraison funèbre du vicomte de Turenne. Sans être prescient, Batteux annonce la fortune «littéraire» de Fléchier pour le XIXe siècle – Marmontel et Jaucourt étant passeurs intelligents et originaux : les éditions à la Desaint disparaissent progressivement devant des éditions florilèges, qui mêlent Bossuet, Bourdaloue, Massillon et Fléchier. Bossuet l’emporte progressivement par des éditions plus ou moins complètes de ses oraisons funèbres, mais tout à lui consacrée ; et finalement au début des années 1880, c’est la seule oraison de Turenne qui demeure comme point de mire de la production oratoire de Fléchier, avant l’édition correctrice de Villemain.
Desaint aura été pendant plus de cinquante ans le libraire de Fléchier et le dépositaire attentif de son œuvre funèbre. À ce titre, l’édition de 1761 – pas plus qu’une antérieure ou une subséquente – est un témoin précieux de la mémoire littéraire consentie à l’évêque de Nîmes.
Nicholas Dion (U. de Sherbrooke), « Les Discours de l’abbé Souchay et la généalogie de l’élégie française »
L’institution du genre élégiaque français au XVIIIe siècle a eu un effet singulier sur la lecture que les lettrés de l’âge classique ont fait de ses origines antiques. Le phénomène s’avère d’autant plus significatif qu’il prend place dans les deux premiers traités savants composés en français qui abordent l’histoire de l’élégie grecque et latine : le « Mémoire » de l’abbé Claude-François Fraguier et les trois « Discours » de l’abbé Jean-Baptiste Souchay – portant respectivement sur l’élégie, les élégiaques grecs et les élégiaques latins. Ces quatre dissertations, qui ont été lues à l’Académie royale des inscriptions et belles lettres, puis ont été publiées dans les Mémoires de littérature de la même société, interprètent les œuvres des Anciens au prisme de la production moderne. Qui plus est, le tableau qu’elles brossent de l’histoire du genre élégiaque est fortement influencé par l’actualité et les débats contemporains, plus particulièrement les parallèles entre l’élégie et la tragédie qui prennent naissance dans la foulée de la Critique de Bérénice composée par l’abbé de Villars. Au final, c’est une conception fort chimérique de l’élégie antique qui se dégage de la synthèse opérée par les abbés Fraguier et Souchay entre, d’une part, l’exégèse néolatine des siècles précédents et, d’autre part, une poésie élégiaque française forgée aux creusets du néoplatonisme renaissant et de la galanterie des salons parisiens.
Marc André Bernier (UQTR), « Les Parallèles de César et d’Henri IV (1609), ou l’invention d’un nouveau genre littéraire »
Si le parallèle doit son prestige aux exercices oratoires auxquels on se livrait dans les collèges de l’âge classique, la vogue mondaine que connaît le genre dès la seconde moitié du XVIIe siècle suscite des textes qui vont multiplier à l’infini les variations. De ce nombre, le parallèle politique marque plus particulièrement les liens qui rattachent le genre du parallèle en général à celui de l’éloge en particulier. De fait, comme l’a déjà bien vu de nos jours Barbara Cassin à la suite de Chaïm Perelman, « il s’agit bien, avec le discours épidictique », de « recréer la communion sur les valeurs » au sein d’une communauté politique.
C’est dans cet esprit que Jean Baudoin publie le premier ouvrage où, dans le titre, paraît le mot « parallèle » : il s’agit des Parallèles de César et de Henry IV (1600). En peignant le roi sous la figure d’un nouveau César, ce texte permet à la fois de mettre en lumière le sens historique du règne d’Henri IV et de former, à partir d’une analogie purement oratoire, un argument propre à servir la cause du rétablissement de la souveraineté de l’État au sortir des guerres de Religion. Aussi voit-on déjà se dessiner en creux, sous cette pratique, l’une des formes les plus caractéristiques de l’écriture de l’histoire à l’époque moderne.
Simon Dagenais (UQÀM / Universität des Saarlandes), « Astrologie et représentation du pouvoir monarchique : du modèle de l’almanach pronostic à celui de l’Almanach Royal (XVIIe-XVIIIe siècles) »
L’Almanach ou calendrier est publié par Laurent d’Houry à partir de 1683 et prend le titre d’Almanach royal en 1700. Sollicité par la recherche en tant qu’annuaire de la monarchie, le reste de cet almanach a été occulté. À ses débuts, cet almanach s’insère dans le contexte éditorial des almanachs pronostics et comporte un contenu semblable. L’astrologie judiciaire, genre prophétique qui touche les choses humaines est condamnée par l’édit de 1682 contre les empoisonneurs, devins et autres. L’application de l’édit s’accompagne d’un recul de l’astrologie judiciaire dans les almanachs pronostics, puis d’un retour avec le relâchement de l’application de cette législation. L’Almanach ou calendrier ne fait pas exception et l’astrologie est davantage présente à la fin de la décennie 1680 que dans les premières éditions de cet almanach. Tandis que la plupart des séries d’almanachs pronostics cessent leur publication avant le début de la décennie 1690, l’Almanach ou calendrier puis l’Almanach royal permettent de nuancer le déclin présumé rapide de l’astrologie au cours de la décennie 1680. La décennie 1690 voit même une hausse de l’astrologie judiciaire dans l’Almanach ou calendrier. Le déclin du contenu astrologique de cette publication n’est pas uniquement lié à la baisse du goût envers l’astrologie, mais est aussi motivé par une volonté de plaire aux autorités monarchiques. Les renouvellements du privilège en 1699 et 1705 sont préparés par l’éditeur quelques années auparavant et il diminue chaque fois le contenu d’astrologie judiciaire de façon importante. Après 1706, l’astrologie demeure tout de même présente, mais persiste tout au long du XVIIIe siècle, montrant la persistance d’un intérêt pour cette discipline.
Cyril Francès (Miami U.), « Poétique du désir : “l’ingénieuse adresse” de La Mettrie dans La Volupté »
Auteur à la réputation sulfureuse, mis au ban des Lumières par ses contemporains Voltaire et Diderot, La Mettrie demeure aujourd’hui encore associé au matérialisme militant de certain de ses ouvrages, notamment l’Homme machine. Pourtant, au-delà de la radicalité de certaines de ses positions philosophiques, son œuvre est avant tout caractérisée par son hétérogénéité, sa polyphonie et son dialogisme.
La Volupté est exemplaire de la démarche la mettrienne : à la fois art poétique, art d’aimer, traité de philosophie et fiction libertine, le texte multiplie les perspectives énonciatives et use de registres stylistiques très variés afin de cerner son insaisissable objet : le plaisir. Reprenant à son compte le genre de l’éloge paradoxal, La Mettrie construit un propos ambivalent dans lequel il présente la volupté comme la source des mœurs, l’objet de la création artistique et le fondement de la conscience individuelle. Surtout, il fait de la volupté l’enjeu rhétorique de son propre discours, en la situant au cœur de l’expérience de lecture à laquelle invite son écriture.
Journées du printemps 3-4 avril 2014 – Programme final