Autoédition


Appel à communications pour la journée d’automne 2020

« L’édition de fortune et de nécessité »

57e journée scientifique de l’AQÉI
Les 26 et 27 novembre 2020, Longueuil (campus de l’Université de Sherbrooke)

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À l’occasion de la 57e journée scientifique de l’AQÉI, les chercheuses et chercheurs de toutes disciplines sont invités à réfléchir aux pratiques éditoriales occasionnelles, improvisées et circonstancielles en contexte canadien.

L’histoire du livre a démontré au cours des trois dernières décennies que le métier d’éditeur se situe au croisement des sphères entrepreneuriale, culturelle et sociale (Michon 1999). Or, bien que ce constat décrive parfaitement la figure et le rôle de l’éditeur professionnel tel qu’il apparaît en France et au Québec au début des XIXe et XXe siècles respectivement, il ne rend pas tout à fait compte des activités éditoriales spontanées, temporaires. Certes plus marginaux, ces projets souvent portés par des éditeurs dilettantes – des libraires, critiques et intellectuels qui ne font pas de l’édition leur priorité – ont comme impulsion fréquente un sentiment d’urgence, de devoir à accomplir. Qu’il s’agisse de la revue Fermaille, née (et morte) durant la grève étudiante du printemps 2012, ou des Éditions Mithra-Mythe, fondées expressément pour la publication du célèbre Refus global, ces entreprises ad hoc se posent ainsi en porte-voix aussi nécessaires qu’inespérés.

L’autoédition est sans doute l’exemple le plus connu des pratiques propres à « l’édition hors édition » (Habrand 2016). Les avancées techniques et technologiques récentes contribuent effectivement à sa popularité, comme en témoigne la prolifération des plateformes web mises à la portée des auteures et auteurs (Bouquinbec, Kickstarter, Bookelis…). Mais entre l’autoédition et l’édition professionnelle se déploie aussi un éventail d’activités moins bien définies, qui répondent à des besoins et qui poursuivent des mandats aussi spécifiques que ponctuels. Pensons à l’Association catholique des Voyageurs de commerce de Trois-Rivières, qui commandite en 1935 des bandes dessinées québécoises afin de lutter contre la prolifération des comics strips américains dans les journaux de la province. Pensons encore aux libraires Bernard Amtmann et Jean Gagnon, qui publient à l’occasion revues et catalogues dédiés à la promotion et à la diffusion du livre ancien au Canada (Short-Title Catalogue of Canadiana, Abacus, Canadian Notes and Queries, Les Cahiers de bibliologie). Citons enfin le cas de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, qui revêt temporairement le chapeau d’éditeur littéraire pour encourager, à l’aide de concours tenus de 1916 à 1919, l’émergence de la littérature québécoise.

En se penchant sur les pratiques qui ont cours en marge des trois modes de publication traditionnels (l’édition professionnelle, l’autoédition et l’édition à compte d’auteur; BAnQ 2019), ce colloque a donc pour objectif d’analyser les structures éditoriales provisoires, éphémères, et leur production imprimée afin de comprendre comment elles s’insèrent dans l’histoire de l’édition.

Les propositions de communication pourront s’inscrire dans l’un des trois axes suivants, entre autres :

1. Les agents

 

  • Quel est le profil des éditrices et éditeurs occasionnels? Comment leur parcours professionnel ou personnel les conduit-il à l’édition?
  • Qui sont les auteures et auteurs qui profitent des structures éditoriales improvisées? Dans quelles sphères évoluent-ils (politique, littéraire, scolaire, journalistique, etc.)? Pourquoi confient-ils leurs textes à des éditeurs plus ou moins expérimentés?
  • Quels sont les agents (maquettiste, imprimeur, distributeur) qui se chargent de la confection matérielle et de la diffusion-distribution des imprimés?
  • Comment se déroulent les relations entre agents impliqués dans l’édition de fortune et de nécessité? Les auteurs et éditeurs entretiennent-ils des rapports bienveillants ou conflictuels?

 

2. Les publications

 

  • Comment le paratexte est-il influencé par ces pratiques éditoriales? La qualité matérielle des ouvrages est-elle affectée? Le discours paratextuel adopte-t-il une forme et un contenu particuliers?
  • Quels sont les supports (le livre, le journal, le fascicule) et les genres (le roman, l’essai, l’article) privilégiés par les éditeurs de fortune? Les choix faits à cet égard sont-ils contraints par les ressources humaines et financières dont disposent les producteurs?
  • Quel est l’impact de ces pratiques éditoriales sur le contenu des publications? Ce dernier est-il le résultat d’une plus grande liberté octroyée aux auteures et auteurs? Souffre-t-il de l’inexpérience de l’instance éditoriale?

 

3. Les catalyseurs

 

  • Quels sont les mandats (culturels, professionnel), les idéologies (religieuses, politiques, identitaires) et les événements sociaux et politiques qui motivent ces pratiques éditoriales?
  • L’édition de fortune et de nécessité relève-t-elle d’initiatives personnelles, institutionnelles, gouvernementales, etc.?
  • Quelles sont les ambitions des producteurs? Entre le simple passe-temps et la tentative (ratée ou réussie) d’entrer dans le milieu de l’édition, où se rangent leurs pratiques?

 

Les propositions de communications en français, comprenant un titre, un résumé d’environ 300 mots et une courte notice biographique, doivent être envoyées par courriel à Philippe Rioux (philippe.rioux@usherbrooke.ca) et Anthony Glinoer (anthony.glinoer@usherbrooke.ca) avant le 1er août 2020. Les communications d’une durée de 20 minutes seront suivies d’une période de questions de 10 minutes.

 

Les participantes et participants devront être membres de l’AQÉI avant la journée scientifique. Veuillez consulter la page « Adhésion » pour toute information concernant le processus d’adhésion ou d’inscription.

 

Organisateurs :

 

Anthony Glinoer, professeur, Université de Sherbrooke
Philippe Rioux, stagiaire postdoctoral, Université de Sherbrooke

 

 

Bibliographie indicative :

 

Bernier, Stéphanie, Drouin, Sophie et Josée Vincent (dir.), Le livre comme art. Matérialité et sens, Québec, Éditions Nota Bene, 2013.

 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Petit guide de l’autoédition au Québec. Quand l’auteur devient éditeur, Québec, 2019.

 

Bouvaist, Jean-Marie et Jean-Guy Boin, Du printemps des éditeurs à l’âge de raison. Les nouveaux éditeurs en France (1974-1988), Paris, La Documentation française – Sofedis, 1989.

 

Brogowski, Leszek, Éditer l’art : le livre d’artiste et l’histoire du livre, Chatou, Éditions de la Transparence, 2010.

 

Coupry, François, L’Anti-éditeur, Paris, Éditions Hallier, 1976.

 

Darnton, Robert, Édition et Sédition. L’univers de la littérature clandestine au xviiie siècle, Paris, Gallimard, coll. « nrf essais », 1991.

 

Dony, Christophe, Habrand, Tanguy et Gert Meesters (dir.), La bande dessinée en dissidence / Comics in Dissent, Liège, Presses Universitaires de Liège, 2014.

 

Durand, Pascal et Yves Winkin, « Des éditeurs sans édition. Genèse et structure de l’espace éditorial en Belgique francophone », Actes de la recherche en Sciences sociales, vol. 130, n° 1, 1999, pp. 48-65.

 

Habrand, Tanguy, « L’édition hors édition : vers un modèle dynamique. Pratiques sauvages, parallèles, sécantes et proscrites », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, vol. 8, no 1, automne 2016, https://www.erudit.org/fr/revues/memoires/2016-v8-n1-memoires02805/1038028ar/.

 

Labonté, Mélissa, Faire maille. L’engagement poétique de la revue Fermaille au printemps 2012, Québec, L’instant même, « Trajectoire », 2017.

 

Lacroix, Michel, « Sociopoétique des revues et l’invention collective des « petits genres » : lieu commun, ironie et saugrenu au “Nigog” et à “La Nouvelle Revue française” », Mémoires du livre / Studies in Book Culture, vol. 4, no 1, 2012.

 

Michon, Jacques (dir.), Histoire de l’édition littéraire au Québec au XXe siècle, Tomes I-III, Montréal, Fides, 1999, 2004, 2010.

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